Cet article fait partie d’une série d’écrits dans le cadre de mon mémoire de fin d’étude sur la déconnexion volontaire aux TIC. Les thématiques abordées ici seront développées dans les billets à venir. N’hésitez pas à me partager vos impressions et à me faire part de votre avis sur cette thématique.

Si les phénomènes de déconnexion semblent ainsi se généraliser, quelques exemples ont connu un certain rayonnement au fur et à mesure que cette tendance semblait se dessiner.

Ainsi, le cas de Paul Miller a défrayé la chronique au cours de l’année 2012. Ce journaliste américain, alors âgé de 26 ans et officiant pour le site d’actualité technophile The Verge, débranche le 30 avril 2012 à 23 :59 le câble ethernet reliant son poste de travail au réseau des réseaux. Plus qu’une expérience basée sur l’isolement et l’attrait d’un comportement ermite, la désintox digitale de Paul Miller sera également relayée par le magazine pour lequel, celui-ci continuera de travailler durant cette année offline[1].

Par extension, ce dernier limitera également ses télécommunications, troquant son smartphone contre un symbolique Nokia 3310, marque d’un retour à des usages plus limités lui permettant de délaisser également les SMS intempestifs pouvant intervenir dans son expérience. De même, le fait de demander à ses collaborateurs et proches de traiter ses tâches connectées est également proscrit,  l’obligeant à transmettre ses articles hebdomadaires par clé USB afin de permettre à sa rédaction de les publier sur le web.

Sommaire

  1. Se déconnecter pour mieux se retrouver ?
  2. Opportunités et limites de la déconnexion
    1. Euphorie : la redécouverte du temps long
    2. Dégradation : limites de la déconnexion
  3. Une autocritique de notre rapport au numérique ?

Se déconnecter pour mieux se retrouver ?

Le cas de Paul Miller interpelle à plus d’un titre, son activité professionnelle, celle d’un journaliste publié dans un magazine technophile connu mondialement, et son attrait pour les technologies entraînent un certain paradoxe avec sa volonté de déconnexion. Les motivations de cette déconnexion, Paul Miller les a explicitées dans un article paru la veille sur le site web de The Verge : I’m leaving the internet for a year[2]. Ce dernier précise cependant dans cet article qu’il ne s’agit pas d’une manière de s’isoler, d’agir en ermite : son activité continuera au sein de The Verge, pour qui il éditera une série d’articles relatant son expérience. Il ne s’agit pas là d’un refus pur et simple de la technologie, d’une technophobie primaire, ni même de l’information en elle-même, mais plutôt un écart des usages liés à Internet.

Cette expérience est ainsi guidée par la volonté de définir, à travers la déconnexion volontaire, l’influence qu’Internet a sur sa vie, en partant à la recherche du vrai Paul Miller, « un meilleur Paul ». Le rapport qu’il entretient avec Internet est conditionné par des années de pratiques intensives, notamment dans le cadre de ses activités professionnelles qui l’ont amené à devenir webdesigner puis journaliste technologique depuis l’âge de 20 ans. Il s’agit d’un media qui accompagne donc son quotidien depuis des années, auquel il se connecte de manière impulsive, et sur lequel il passe en moyenne plus de 12 heures par jour au moment où il envisage cette déconnexion.

Par son expérience et son activité, Paul Miller entretient un rapport très fort avec les technologies de l’information. Dans le documentaire Finding Paul Miller[3] publié par The Verge à l’issue de son expérience,  il revient sur sa première découverte d’Internet à 12 ans. Avant cette découverte, bien que d’ores et déjà technophile, il mettait à l’œuvre sa créativité et sa productivité dans l’écriture de fictions. A travers cette déconnexion, il cherchera à retrouver cette créativité et cette productivité qui, selon lui, ont été effacées par ses usages du numérique, mais aussi, d’une certaine manière, retrouver le vrai Paul Miller, celui qui existerait en dehors du réseau, en imaginant ce qu’aurait pu être sa vie sans Internet.

La remise en cause de Paul Miller est également conditionnée par ses rapports sociaux. S’il reconnaît éprouver un certain mal être et un renfermement vis-à-vis des autres, cette manière de prendre des distances avec Internet est pour lui un moyen de mieux se focaliser sur ses proches et notamment sa famille. Il revient notamment sur les rapports qu’il entretient avec sa sœur, remettant en cause la distraction que lui apportent les technologies de l’information, le rendant distant, renfermé sur lui-même, présent physiquement sans jamais l’être émotionnellement.

Le 30 avril 2013, à la mi-journée, Paul Miller annonce dans les pages de The Verge la déconnexion à laquelle il se prépare à travers l’article I’m leaving the internet for a year[4]. Ses dernières heures sur internet seront l’objet d’usages intensifs d’Internet, qui seront diffusés en direct auprès des visiteurs du site web[5]. A 23:59, à l’issue du compte à rebours, il se déconnecte d’Internet. Pour 3 heures, comme il le craignait, ou pour une durée indéterminée, le défi initial d’une année sera au final respecté.

Opportunités et limites de la déconnexion

I was wrong.[6]

Si les objectifs que s’était fixé Paul Miller étaient ambitieux, le bilan qu’il retire de cette expérience de déconnexion révèle les limites de cette pratique. En se déconnectant d’Internet pendant un an, Paul Miller cherchait à retrouver sa créativité, renforcer ses rapports humains et retrouver d’une certaine façon sa véritable identité. Une démarche se rapprochant de l’état d’esprit de l’IRL Fetichism décrit par Nathan Jurgenson, engendré notamment par des phénomènes d’usage de type surcharge informationnelle et FOMO,  décrits précédemment.

Dans la pratique, cette déconnexion s’est dissociée en 2 phases distinctes.

Phases de déconnexion

Phases identifiées dans le processus de déconnexion volontaire de Paul Miller.

  • Une première phase d’euphorie, durant laquelle Miller prendra le recul sur ses usages et cherchera à accomplir ses objectifs.
  • Une phase de dégradation, durant laquelle ce dernier reconsidérera les aspects de cette déconnexion.

Euphorie : la redécouverte du temps long

Dans une première phase étendue sur la première moitié de son expérience, Paul Miller a d’une certaine façon reconnu une certaine euphorie quant à cette déconnexion. D’une certaine manière, dès les premiers instants de cette déconnexion, Miller avait déjà acquis un certain bien être, une forme de liberté comme il le décrit lui-même dans l’article I’m still here: back online after a year without the internet[7]. L’acte même de se déconnecter sur une longue durée était un pas vers la nouveauté, vers ce nouveau Paul, plus réel tel qu’il l’attendait sur le plan émotionnel.

Ses relations avec ses proches et notamment sa sœur sont prises comme exemple, afin d’illustrer la manière dont les technologies de l’information ont pu affecter ses rapports humains. Par cette déconnexion, Paul Miller s’est montré plus attentif, plus investi émotionnellement dans ses relations. Ses échanges pouvaient être plus intenses et n’étaient pas dissipés par les technologies de l’information, s’il était dans une conversation il l’était non plus à 25% ou 50% comme cela a pu l’être depuis des années, mais constamment à 100%. Par cet aspect, Internet et plus généralement les technologies de l’information représentent pour lui un parasite au sein des relations interpersonnelles directes. Sans même être les yeux rivés à un écran, Internet nous apporte un flux d’information continu, dissipant notre attention, nous amenant à garder à l’esprit ces usages du numérique. Dans sa conférence au TEDx Eutropolis[8] en septembre 2013, Miller revient sur cet aspect en évoquant l’influence de l’email sur sa concentration. Un format de communication qui part son aspect nous invite à penser qu’il peut toujours y avoir un nouveau message en attente de réponse dans notre boîte mail. Un nouvel email en impliquant une multitude et contribuant à une charge informationnelle, pour qui chercherait à traiter dans son intégralité ce flux d’information. Cette préoccupation de l’email (que l’on pourrait également élargir à l’ensemble des notifications informationnelles en ligne) nous poursuivrait ainsi, même offline, et capterait ainsi une partie de notre attention, ne nous rendant pas investi à 100% dans un échange interpersonnel. La déconnexion a donc eu cet effet de rendre ces conversations plus riches, intenses, révéler à ses proches et à lui-même un Paul Miller plus épanoui, plus investi et plus ouvert.

De la même manière, il a vu sa créativité et sa productivité croître, comme espéré. Attaché à son projet d’écriture, il produira ainsi la moitié de son roman de science-fiction en l’espace de quelques mois tout en produisant un billet hebdomadaire retraçant son expérience auprès des lecteurs de The Verge.  Cette productivité surprendra même ses collaborateurs, frustrés de constater qu’il a fallu cette déconnexion pour que Miller produise autant d’articles aussi rapidement.

Dans le cadre de la déconnexion, l’une des critiques récurrente émise au sujet d’Internet est que ce media est une source continuelle de distraction, faisant disparaître la notion d’ennui. Un point de vue que rejoint Miller en cherchant à s’en éloigner et pour qui, la somme de distractions que procure internet, sa diversité et sa perpétuelle nouveauté, font peu à peu disparaître cette notion.

« Lorsque vous êtes sur Internet, chaque moment durant lesquels vous pensez pouvoir vous ennuyer, vous n’avez qu’à attraper votre téléphone et le déverrouiller pour vous retrouver face à un monde entier d’information et de divertissement.[9] »

En passant du temps sur Internet, nous nous éloignerions selon lui de l’essentiel. La redécouverte de l’ennui pourrait ainsi nous permettre de nous recentrer sur ce qui nous préoccupe réellement. C’est ainsi qu’il justifiera cette productivité et cette sociabilité acquise au cours des premiers mois, en remettant en cause l’effet néfaste de cette distraction continuelle dans l’un de ses billets hebdomadaire Offline: how’s it going ?

« L’ennui et l’absence de stimulation me conduisent à faire les choses auxquelles je m’intéresse vraiment, comme écrire et passer du temps avec les autres. »[10]

Dégradation : limites de la déconnexion

« L’ennui est génial si vous en faîtes quelque chose, mais ça ne l’est pas si vous passez votre temps à jouer aux jeux vidéo et c’est ce que j’ai commencé à faire… »[11]

Fin 2012. L’entrain qu’a pu connaître Paul Miller au cours des premiers mois se dissipe, remettant ainsi en cause les supposés bienfaits de cette déconnexion.

Ainsi, le flux d’information que forment les emails incessant arrivant dans sa boîte mail se retranscrit IRL par la réception massive de lettres dans la boîte postale créée dans le cadre de son expérience. Aux premiers courriers teintés d’émerveillement se succèdent ainsi la monotonie, la lassitude puis la saturation.

D’un point de vue social, la déconnexion volontaire aux réseaux de l’information entraine également un contact plus difficile avec l’ensemble de ses proches. Si les conversations interpersonnelles se montrent ainsi plus intenses, la prise de contact avec sa famille et ses amis s’est relevée être une contrainte de plus en plus forte. Ce constat soulève un point intéressant dans l’expérience de Miller pour qui, une partie des proches se retrouve dispersés dans l’ensemble du pays. Si les moyens de communication (en l’occurrence, principalement l’appel téléphonique) mis à sa disposition lui permettaient de joindre l’ensemble de ses contacts, ils entrainaient également à terme une certaine réticence de la part de ses destinataires : ce moyen de communication ne rentrait pas dans leurs besoins, dans leurs attentes. Le rejet des moyens de communication privilégiés par ses contacts (notamment le SMS et la visioconférence), et donc la perte progressive de communication, a pu se traduire par une remise en cause des liens affectifs le liant à ses proches.  En d’autres termes, si la déconnexion permet une implication plus profonde dans ces rapports (ce que ne rejette pas Miller), elle implique une difficulté accrue pour mettre en œuvre le moyen idéal à la prise de contact et ainsi favorise l’isolement.

Un isolement généré également par la perte de la nouveauté. Si dans les premiers mois de sa déconnexion, Miller semblait retrouver créativité et productivité, l’essor inexorable de l’ennui a fini par le repousser à s’enfermer dans son salon, face à sa console de jeu.

Une année après, je ne fais plus tant de vélo. Mon frisbee prend la poussière. La plupart des semaines je ne sors pas une seule fois avec des gens. Mon endroit favori est mon canapé. Je pose mes pieds sur la table basse joue aux jeux vidéo. Je prends un jeu stupide, comme Borderlands 2 ou Skate 3 et je pousse distraitement les sticks à travers le jeu pendant que mon esprit se dissipe sur l’audiobook, ou juste rien.[12]

Cet aspect de la déconnexion a fait prendre conscience à Paul Miller que les problèmes qu’ils pensaient ne sont pas uniquement liés à son rapport au réseau. L’isolement, le renfermement qu’il exprime via ses usages connectés se retranscrivent d’une autre manière une fois la nouveauté passée. D’une certaine manière, son usage connecté n’est pas la cause de ce comportement, mais la manifestation d’un problème qu’il estime plus profond.

Une autocritique de notre rapport au numérique ?

Après un an déconnecté, Paul Miller renoue avec Internet le 1er mai 2013. Si le pari est réussi, l’expérience montre aussi son lot de faiblesse.

Ce que révèle avant tout l’expérience de Paul Miller, c’est que même dans le cadre de la déconnexion, les frontières entre réel et virtuel restent mince. Lors d’un entretien entre Paul Miller et Nathan Jurgenson dans le cadre de la conférence Theorizing the Web, ce dernier notamment a pu soulever l’idée que le réel et le virtuel sont des parties indissociables l’une de l’autre[13], faisant écho à son article Digital Dualism versus Augmented Reality[14]. Ainsi, si Miller a pu exprimer des travers à travers son usage connecté, la déconnexion n’empêche pas ces travers de se manifester dans un usage non-connecté. De même, les usages connectés restent d’une certaine manière dans notre esprit une fois offline, les mails et notifications qui occupent notre usage du numérique nous suivent une fois en dehors de l’écran. Bien que leur forme soit virtuelle, ils n’en restent pas moins réels.

De plus, malgré ces critiques et l’image qu’Internet dissipe nos conversations par son flux continu d’information, il n’en reste pas moins un lien nous permettant d’entretenir facilement nos rapports, notamment quand ceux-ci ne peuvent être direct. Internet nous permet de mieux nous connecter aux autres, à condition cependant d’aller vers eux. Internet nous permet d’avoir un accès à l’information et à cause de l’ensemble des distractions qu’il procure, nécessite un recul dans les usages.

Ainsi, bien que radicale dans ce cas, la déconnexion permet une profonde remise en cause de notre rapport au numérique. La déconnexion a pu apporter à Paul Miller une certaine maturité dans ses usages, une autocritique. L’expérience montre qu’il n’y a pas de comportement 100% connecté ou déconnecté mais qu’il s’agit d’un équilibre devant être contrôlé.

Il faut garder ses priorités, faire la balance mais ne pas laisser internet nous dire ce qu’on doit faire.[15]

[1] L’ensemble des articles écrits par Paul Miller Durant cette expérience est accessible via le site de The Verge : http://www.theverge.com/2012/5/8/3007525/paul-miller-offline

[2] Miller P. « I’m leaving the internet for a year ». In : The Verge [En ligne]. [s.l.] : [s.n.], 2012. Disponible sur : < http://www.theverge.com/2012/4/30/2988798/paul-miller-year-without-internet >

[3] Oplinger J., Greenwood S. Finding Paul Miller [En ligne]. [s.l.] : [s.n.], 2013. Disponible sur : < http://www.theverge.com/2013/5/1/4289446/finding-paul-miller-video >

[4] Miller P. « I’m leaving the internet for a year ». In : The Verge [En ligne]. [s.l.] : [s.n.], 2012. Disponible sur : < http://www.theverge.com/2012/4/30/2988798/paul-miller-year-without-internet >

[5] Verge Live: Paul’s last hours on the internet [En ligne]. [s.l.] : [s.n.], 2012. Disponible sur : < http://www.youtube.com/watch?v=aN7OfMxYDR8 >

[6] Miller P. « I’m still here: back online after a year without the internet ». In : The Verge [En ligne]. [s.l.] : [s.n.], 2013. Disponible sur : < http://www.theverge.com/2013/5/1/4279674/im-still-here-back-online-after-a-year-without-the-internet >

[7] “At 11:59PM on April 30th, 2012, I unplugged my Ethernet cable, shut off my Wi-Fi, and swapped my smartphone for a dumb one. It felt really good. I felt free.”

Miller P. « I’m leaving the internet for a year ». In : The Verge [En ligne]. [s.l.] : [s.n.], 2012. Disponible sur : < http://www.theverge.com/2012/4/30/2988798/paul-miller-year-without-internet >

[8] A year offline, what I have learned: Paul Miller at TEDxEutropolis [En ligne]. [s.l.] : [s.n.], 2013. Disponible sur : < http://tedxtalks.ted.com/video/A-year-offline-what-I-have-lear >

[9] “When you have the Internet, the moment you kinda thinking about maybe being bored, you can grab your phone and slide to unlock, and you have an entire world of information and entertainment right in front of you.”

Ibide.

[10] “It’s the boredom and lack of stimulation that drives me to do things I really care about, like writing and spending time with others.”

Miller P. « Offline: how’s it going? » In : The Verge [En ligne]. [s.l.] : [s.n.], 2012. Disponible sur : < http://www.theverge.com/2012/8/13/3231386/offline-hows-it-going-paul-miller > (consulté le 16 août 2014)

[11] “Boredom is awesome if you do something good with it, but it’s not awesome if you just play video games and that’s what I started.”

A year offline, what I have learned: Paul Miller at TEDxEutropolis [En ligne]. [s.l.] : [s.n.], 2013. Disponible sur : < http://tedxtalks.ted.com/video/A-year-offline-what-I-have-lear >

[12] “A year in, I don’t ride my bike so much. My frisbee gathers dust. Most weeks I don’t go out with people even once. My favorite place is the couch. I prop my feet up on the coffee table, play a video game, and listen to an audiobook. I pick a mindless game, like Borderlands 2 or Skate 3, and absently thumb the sticks through the game-world while my mind rests on the audiobook, or maybe just on nothing.”

Miller P. « I’m still here: back online after a year without the internet ». In : The Verge [En ligne]. [s.l.] : [s.n.], 2013. Disponible sur : < http://www.theverge.com/2013/5/1/4279674/im-still-here-back-online-after-a-year-without-the-internet >

[13] “But then I spoke with Nathan Jurgenson, a ‘net theorist who helped organize the conference. He pointed out that there’s a lot of « reality » in the virtual, and a lot of « virtual » in our reality.”

Miller P. « I’m still here: back online after a year without the internet ». In : The Verge [En ligne]. [s.l.] : [s.n.], 2013. Disponible sur : < http://www.theverge.com/2013/5/1/4279674/im-still-here-back-online-after-a-year-without-the-internet >

[14] Nathan Jurgenson. « Digital Dualism versus Augmented Reality ». In : Cyborgology [En ligne]. [s.l.] : [s.n.], 2011. Disponible sur : < http://thesocietypages.org/cyborgology/2011/02/24/digital-dualism-versus-augmented-reality/ >

[15] A year offline, what I have learned: Paul Miller at TEDxEutropolis [En ligne]. [s.l.] : [s.n.], 2013. Disponible sur : < http://tedxtalks.ted.com/video/A-year-offline-what-I-have-lear


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