Cet article est issu de la revue du Gobelin du Ternois.
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Vous vous souvenez de votre premier vélo ? Le mien, ça devait être un VTT rigide de la marque Quantum, acheté sans doute dans une grande surface et partagé avec mes sœurs. Un destrier qui se révélait bien plus pratique que le bicross qu’on nous a subtilisé, surtout pour nos territoires vallonnés. C’est un vélo avec lequel j’ai fait mes premiers tours de roues en autonomie, que je me suis niqué quelques dents et égratigné les genoux, mais qu’importe, c’était un premier pas (ou un premier coup de pédale) avec un objet qui ne m’a plus vraiment quitté depuis ce moment.

Panneaux de signalisation des vélo routes en Belique

Le sport national.

Je serai sans doute dans quelques semaines sur les bords des routes du Tour, pour encourager ces coureurs aux performances impressionnantes, fasciné par le dépassement de soi, les dualités et les histoires parfois héroïques que cette course mythique sait nous offrir, bercé par le ronronnement des hélicoptères, des motos suiveuse et des commentaires désuets sur notre patrimoine. La plus grande course à ciel ouvert, où il se passe pas toujours grand chose à vrai dire, mais où les belles histoires s’écrivent sur la durée. Mais surtout, un divertissement populaire aussi, ouvert à tous, où le stade n’est rien d’autre que notre territoire, nos rues, ton quartier, le temps d’une minute ou deux si t’habites en côte.

Le vélo a cette particularité d’être une des rares invention humaine à ne pas avoir d’usage détourné néfaste. Le vélo n’a pas de classe, pas d’orientation politique, pas de sexe, pas d’âge et s’ouvre aussi aux personnes en situation de handicap. Si les municipalités vertes font la promo de la bicyclette au quotidien, n’oublions pas que même Nicolas Sarkozy travaillait son image au guidon d’un vélo Look (de très bon goût, il faut le reconnaître, je parle du vélo).

En France, tout le monde ou presque est déjà monté sur un vélo

Qu’on le veuille ou non, malgré les controverses sans doute exagérées et nourries par un agenda politique se nourrissant des divisions, on peut difficilement trouver un moyen de transport plus universel que la bicyclette. En France, tout le monde ou presque est déjà monté sur un vélo, ou presque : on est 93% à déclarer savoir rouler à vélo et presque 1 Français sur 4 déclare faire du vélo régulièrement . De quoi se dire, au pays de l’incroyable Tour de France et dans la région du mythique Paris-Roubaix, que le vélo est décidément le sport national… enfin, non, peut être pas vraiment un sport à vrai dire…

Un coup de pédale après l’autre.

Si la France compte son lot de champions qui nous ont fait vibrer, rares sont ceux qui s’imaginent être le prochain Bernard Hinault en enfourchant leur bicyclette. Au delà d’un sport, le vélo se décline à l’envie : le coursier focalisé sur sa moyenne, le cycliste du quotidien reliant un point A à un point B, l’aficionado de la bike life qui se réapproprie l’espace urbain avec insolence et un certain style, ou encore le voyageur, troquant la paire de chaussure de randonnée pour redécouvrir son territoire autrement.

Le voyage à vélo est une manière de se réapproprier son temps, son territoire.

C’est cette dernière pratique que j’ai redécouvert dernièrement par la force des choses (une sombre histoire de pied cassé), en partant de chez moi, le long de l’Eurovélo 5, jusqu’en Suisse. Un parcours à travers la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne et finalement le Grand Est. Une aventure qui démarre au pied de mon immeuble, pour rejoindre le long des canaux, traverser quelques régions vallonnées (avec une certaine difficulté parfois, il faut l’admettre), partager quelques bouts de chemins avec des Belges, des Allemands, quelques Français aussi et s’évader autrement.

Le temps d’un après midi, d’un weekend ou plus, débrancher et s’évader à la simple force de ses mollets

À une époque où tout semble aller plus vite, où le silence est une crainte et le manque d’agitation une anomalie, où mon smartphone m’a transmis des centaines de notifications qui ont pu conduire à une somme de déverrouillages alarmante, le voyage à vélo est une manière de se réapproprier son temps, son territoire, de redécouvrir des régions et des villes moyennes et leur vie pas si exceptionnelle, pas si morne, juste là, normale.

Dans 30 ans, je roulerai sans doute moins vite, peut être moins loin et vraisemblablement différemment, mais j’ai la certitude que la bicyclette ne me quittera jamais réellement. Je ne saurai toujours pas faire de roue arrière, fait chier, mais franchement ça reste plutôt cool non ?

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