Vous connaissez le bruit blanc ? Ce son qui est sensé couvrir toutes les fréquences ? C’est aussi le nom d’une chaîne Youtube que j’ai lancé il y’a quelques semaines avec un format simple : 1 artiste / groupe, 1 titre capté en live, 1 point de vue, chaque lundi à 13h00.

Pourquoi ?

Je couvre du live depuis que j’ai un reflex dans les mains. Mes plus vieilles archives datent de 2008 (15 ans putain), à sillonner les MJC et café concert de la région, squatter les salles plutôt modestes, suivre des groupes et les voir évoluer, en témoigner, un peu… Sans chercher une reconnaissance, ni même en faire une source de revenus malgré les investissements que ça demande (mais sans en négliger la valeur, y’a nuance), dans un esprit plutôt punk rock et une volonté de « faire ta part ».

Naked Soft Men
Naked Soft Men, le 20 janvier 2023.

Mais depuis 15 ans, la consommation d’images évolue. On ne consomme plus l’image de la même manière, les gens s’en foutent de tes photos, elles ont une durée de vie de 6h, tout au plus. Ça fait mal à la gueule quand on est attaché à l’archivage du rock’n’roll mais on va pas modifier tout seul des habitudes qu’on entretient nous même.

Ce format photo ne recueille plus autant d’impact qu’avant et donc ne remplit plus le rôle de mise en image initial. Faut se faire une raison. Par contre la vidéo… J’ai toujours des proches qui passent leurs journées à écouter des lives sur Youtube, « c’est une bonne manière de se rendre réellement compte de ce que joue le groupe ». C’est pas faux, j’ai moi même une playlist de live que je mets souvent en fond (Explosions In The Sky, Enter Shikari ou encore Chelsea Wolfe pour ne citer qu’eux). Poussons un peu la réflexion.

Le format

J’ai déjà participé à des projets vidéo. On va pas se mentir, ça peut vite devenir compliqué : gérer les demandes, le montage, la synchro avec le son, le planning, les équipes et les égos de chacun… C’est déjà compliqué comme ça de traiter du live report, l’idée n’est pas de se compliqué plus la vie et d’alourdir le process.

Une des captas à laquelle j’ai pu prendre part, dans une autre vie. Le multicam, c’est une galère à gérer

Le plan est donc simple : garder 1 point de vue, 1 source de captation, des presets de réglages son et image et laisser les choses se faire. Ne pas trop s’encombrer de promo, ne pas non plus produire un maximum de contenu pour remplir Youtube, mais juste proposer un rendez-vous régulier et savoir s’y tenir.

Le matériel

Je transporte mon Canon EOS 6D depuis des années déjà. J’aime bien ce boîtier : bonne ergonomie, capteur full frame, l’autofocus est clairement perfectible mais c’est une bonne machine.

La contrainte du plan unique m’a vite amené à m’orienter vers le 35mm. J’aime cette optique, elle a un rapport très « humain » au niveau du champ de vision, elle retranscrit ce que vous voyez et vous oblige à regarder autour de vous pour savoir composer votre image. Elle permet de faire des images qui ne mentent pas et illustrent clairement l’image du show.

Pour le son, j’étais tenté de faire une captation via un Zoom H4 mais on va se rappeler qu’il faut être le plus simple possible : un Zoom H4 déporté, c’est une organisation, c’est parvenir à synchro son et image… Alors restons simple : un simple micro RØDE VideoMicro fera l’affaire.

Micro RØDE VideoMicro, 6D et 35mm
la config : EOS 6D, micro RØDE VideoMicro, Canon EF 35mm 2.0

La production

Bon, il faut aller remplir le backlog désormais. Trouver des date où tu sais que tu vas pas te faire jeter avec ton appareil photo et des choses intéressantes à capter. Au bout d’un moment à vadrouiller dans les salles, tu connais celles où c’est plus conciliant et où tu peux tester.

Cave In
Cave In le 20 octobre 2022.

Il y’a des dates attendues qui marchent bien pour ça (Cave In + Stake par exemple), d’autres où tu mises sur une formation locale qui présente quelque chose (la release party de Monsieur Thibault), d’autres où tu te dis « je suis là, allez je tente » et ça passe (Enter Shikari… bon, c’était compliqué). Mais rapidement les dates s’enchainent avec des périodes de rush et des périodes très calmes… Encore heureux qu’il y’avait du stock car la période mi-décembre / mi-janvier était assez maigre. Mais en général, il y’a 3 à 5 vidéos planifiées, de quoi voir large.

Une notion intéressante : filmer le groupe le plus connu n’apportera pas forcément plus de visibilité et filmer un genre de niche ne vas pas forcément plus « convertir ». On en tire des enseignements après.

Le traitement lui, environ 1h entre la création des scènes sur Premiere, le découpage, la stabilisation, la création des écrans d’intro, le packshot, l’export vidéo, l’import sur Youtube et l’optimisation des metadonnées. C’est rodé et c’est un temps acceptable pour ne pas non plus subir le projet.

La promotion

La mise en valeur des vidéos se fait des manière relativement organique. Le format Youtube permet de miser sur 2 leviers pertinents : les vidéos suggérées et les recherches. J’aime bien cette approche car elle se focalise essentiellement sur les envies et besoins des utilisateurs. Ça suffira et rapidement certaines se retrouvent bien positionnées sur des recherches type « [groupe][titre]live ».

Il y’a cependant une contrainte liée au format : si ton contenu ne réponds pas au besoin de ton audience, on n’est pas prêt de te trouver… Ça sera démontré sur certaines vidéos, notamment sur les genre de niche (le hardcore, le stoner), où l’audience sera très faible. Cela implique donc de parvenir à trouver parfois la capta qui amènera l’audience sur la chaîne et miser sur d’autres leviers pour les autres vidéos, notamment les relais naturels auprès des orgas / groupe. Faut-il pour autant mettre de côté les esthétiques de niche ? Clairement pas, c’est un peu le leitmotiv depuis des années ici, ne pas s’empêcher d’aller couvrir des groupes émergents ou un peu niqués, parce qu’au final peu de personnes en gardent une trace.

Marissa Nadler le 03 novembre 2022

Les groupes utilisent majoritairement 2 plateformes : Facebook et Instagram. Pour le premier… j’ai la flemme de développer une commu, c’est non. Pour le deuxième, l’idée de retranscrire les vidéos en format Réels et de miser sur le relai des groupes me séduit pas mal. Seule contrainte : la planification de publication sur Instagram, c’est pas trop ça. Le compte sera donc mis à jour en retard, avec à chaque fois une invitation à se diriger vers la page Youtube pour des résultats plus « frais ». Mais il y’a une demande des groupes pour relayer ces vidéos et ça motivera l’envie d’entretenir cette page, plus comme un moyen d’interaction que pour une quête d’audience.

Les stats

Le projet tourne depuis 3 mois donc, avec un nombre de vues exponentiel, qui capitalise sur les vues organiques. À ce titre, une vidéo se détache particulièrement : Klone – Night and Day, publiée pourtant le 2 janvier. Celle-ci a clairement bénéficié des recherches autour du nouvel album du groupe et a explosé toutes les stats.

Derrière, la vidéo de Cave In interprétant Reckoning se détache également et garde une audience constante. II s’agit également d’une des premières que j’ai pu publier, beaucoup de choses y étaient perfectibles mais elle a aussi pu bénéficier du relai du groupe, alors en tournée européenne.

Dernière du top 3, c’est Manic Maya en concert à la Malterie (une chouette salle, mais basse de plafond), dont je n’ai pas pu obtenir le titre malgré mes recherches, mais qui a par contre nettement bénéficié du relai de l’artiste, notamment pour la promotion de ses futurs concerts. Un relai qui montre un peu plus l’utilité de ce projet : mettre en avant et développer la visibilité de formations musicales.

Au niveau des sources de trafic, les fonctionnalité de navigation représente presque 1/3 des vues, principalement drainées par les vues depuis la page d’accueil. Juste derrière, les recherches youtube recueillent 22% des vues avec un nombre d’impressions nettement plus réduit, mais un taux de clicks plus engageant (10%). Dernière source de trafic de ce top, les suggestions de vidéos recueillent 17% des vues pour un taux de clicks bien moindre (2%). L’optimisation est donc pertinente, mais engage très peu.

En termes de durée moyenne des vidéos, les données sont similaire quelque soit le levier ou la vidéo (environ 1’40 »).

Et après ?

À l’heure où j’écris ces lignes, la chaîne recueille 1600 vues (j’ai mis du temps à écrire cet article). Une nouvelle vidéo vient de sortir : Indal interprétant Dancing Clown, comme prévu, chaque lundi à 13h00. Quatre autres sont dans le backlog, mais ça augmente progressivement. 18 personnes suivent la page et pour vous abonner c’est sur la chaîne Youtube de Bruit Blanc.

On refait le bilan après 10.000 vues.

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